samedi 26 juin 2010

Quand la mode revisite Marie Antoinette

En plein dans un retour à ma période shootings inspirés par les grands monarques, j'ai énormément d'idées en tête sur la thématique de l'Histoire. Je m'excuse donc d'avance auprès des éventuels fervents républicains qui seraient susceptibles de me lire... :) Commençons donc!

Depuis la sortie du film de Sofia Coppola en 2006, vous pouvez constater un certain engouement de la mode pour Marie-Antoinette. En effet, après le succès assez fort de ce chef d'oeuvre (enfin... selon mon humble avis), la mode s'est empressée de reprendre le personnage et le revisiter. En voici quelques exemples.

  • Un shooting d'Annie Leibovitz pour Vogue:




























  • une collection de chaussures Louboutin































  • des gâteaux,macarons, thé Ladurée (qui a conçu les nombreuses friandises qui nous font saliver tout au long du film)



























Même Lavazza s'y est mis lors de l'édition 2008 de son célèbre calendrier(édition photographiée par Finlay McKay)!





























La reine qui était icône de la mode à l'époque, a retrouvé son titre aujourd'hui. D'ailleurs, elle a été représentée aux côtés de Cléopâtre et Elizabeth I entre autres dans la série The Regal Twelve(mettant en scène douze grandes reines) d'Alexia Sinclair, talentueuse photographe et artiste digitale australienne (image du bas). Le photographe espagnol Juan Gatti, quant à lui, lui dédie une série entière dans le Vogue espagnol d'Octobre 2006 (image du haut).

































Cependant, ce phénomène ne date pas de 2006. En effet, dès 1990, Madonna (encore elle), avait déjà revisité l'Autrichienne lors de sa tournée Vogue.




























Le célèbre magazine éponyme, quant à lui, publia en 1995 une série photographiée par David Lachapelle mettant en scène la révolution française: "Si la couture m'était contée"(image du haut). Mais cette oeuvre ne mettra pas en scène la fin tragique de la reine. Pour cela, il faudra attendre 2000, année où Erwin Olaf sort sa série intitulée "Royal Blood", représentant la mort de grandes têtes couronnée(image du bas).


































Mais Marie-Antoinette Habsbourg était-elle vraiment cette jeune it girl frivole et amoureuse des tons pastels que la mode nous dépeint? Elle l'était sans aucun doute lors de son adolescence, où elle s'offrait les services des meilleurs couturiers du pays, au point d'avoir endetté le royaume selon certains. Et ensuite? L'est elle restée à la naissance de sa fille aînée Marie-Thérèse? Et après le début de la révolution française, lors du séquestre de la famille royale au palais des Tuileries? Non. Elle ne l'était plus. Marie-Antoinette se changea en mère courageuse, aimante et dévôte. Durant les heures sombres de la révolution, elle trouva la force de ne pas devenir folle grâce à l'amour qu'elle portait à ses enfants, et à la religion.





























Cet aspect moins glamour et pourtant tellement plus humain de la personnalité de l'Autrichienne est souvent tu par le monde de la mode, qui préfère montrer une sorte de Madame de Pompadour, mécène insouciante et charismatique. Pourquoi? Parce que la mode n'aime pas les personnages communs, trouvant la force de surmonter leurs problèmes dans des choses ordinaires et routinière. Elle préfère de loin la folie des grandeurs, l'opulence et la magnificence. Après tout, c'est pour cela qu'on lit Vogue et qu'on regarde les défilés. On y trouve un monde de rêves, une échappatoire à la routine quotidienne. Anna Wintour n'est pas Virginia Woolf écrivant Mrs Dalloway, elle est Lewis Caroll contant Alice au pays des merveilles. Et c'est la raison pour laquelle on l'aime. Petit test avec ces deux images. L'une repésente une soirée très esthétique et mouvementée issue du film de Coppola, l'autre dépeint la Reine de France en compagnie de ses enfants. Je suis sûre que la majeure partie d'entre nous se sent plus attirée par la première, qui correspond davantage à ce que l'on voit dans les magazines de mode.

jeudi 24 juin 2010

Quand la musique influence la mode

Comme le dit Karl Lagerfeld dans son duo avec les SALM, "je trouve que mode et musique,



Pas parce que ça commence tous les deux par un "M", C'est des choses qui vont très très bien ensemble". Et notre empereur de la mode est très loin d'avoir tort! Depuis le début de la société de consommation et de la démocratisation de la culture, les jeunes s'habillent à l'image de leurs idoles. Et l'industrie du textile l'a bien compris! Je vous propose d'analyser le phénomène à travers six exemples assez représentatifs, et couvrant plusieurs styles. On aura bien évidemment les monuments que sont Madonna et Michael Jackson, mais aussi des rockeurs qui ont lancé la mode malgré eux, les sex pistols. Plus récent, j'aborderai le revival du rock anglais, plus proche du Londres des 60's et du NY de la fin de la même décennie que de la brit pop des 90's, orchestré par les Libertines. Niveau plus street culture, on a la démocratisation du hip hop fluo par Kid Cudi. Enfin, plus osé et excentrique, comment ne pas évoquer Lady Gaga?

Petit bond dans le temps, du genre celui que fait Carrie Bradshaw au début de sex and the city 2. (Oui... paie ta référence d'inculte...) On est en plein dans les 80's. Les ondes radio chantent à longueur de journée "Like a virgin! Touched for the very first time! Like a virgin, when your heart beats, next to mine!" Une future icône prend son essor, il s'agit de Madonna of course! Souvenez vous, les mitaines en résille, les robes courtes sur des leggings assortis, le tout surmonté de bijoux dignes de Barbie. Le look est kitsh, décalé, facile à copier, original, peu cher. Conséquences de tout cela? L'arrivée d'une ribambelle de minis Madonna dans les rues du monde entier. Un engouement (presque) jamais égalé, qui continue à inspirer, trois décennies plus tard. (j'ai toujours pensé que le look de Sandy à la fin de Grease était inspiré par Madonna)
Flashback dans les 80's pour Carrie Bradshaw

Vers la même époque, un jeune homme réussit aussi à monopoliser les antennes avec sa pop très inspirée par les grands de la soul et du funk. L'un des grands tubes de ses débuts? "Billie Jean is not my lover, she's just a girl who claims that I am the one!" He oui Michael! You are the one! The one who shook the world of pop! Et pas que le monde de la pop d'ailleurs. Michael, c'est le début de la veste d'offficier à paillettes (que réhabilitera Balmain en 2009), les derbies vernies, le gant (non, pas LES gantS. Le grand Jackson se contente d'un seul gant, à une seule main). Sans oublier le pantalon noir serré et arrivant juste au dessus des chevilles. Cet accoutrement va faire le tour de la planète,et être adopté par un grand nombre de marques de luxe qui le revisitent presque chaque année. Défilé Balmain 2009


All in all, les années 80 nous ont donné des perles niveau musiciens faisant la mode.

A l'opposé, et une dizaine d'années plus tôt, en UK, un look devint culte en cultivant la destruction, l'anti-conformisme et la contre culture. Lancé par la bande à Johnny Rotten et Sid Vicious, dans un monde changé par les trente glorieuses et le consumérisme de masse, les sex pistols révolutionnèrent les codes de la mode en les détournant et les tournant en dérision à coups de tartans, trous, épingles à nourrice, cheveux rouges, j'en passe et des meilleures. Mais bon... ici, la révolution fut orchestrée par la mode elle-même, puisque les sex pistols sont les petits protégés de Vivienne Westwood et son compagnon de l'époque, Malcolm Mclaren. Les deux amants avaient, depuis 1971, un magasin de musique et de vêtements appelé "sex", qu'une bande de jeunes fréquentait régulièrement. Le couple les prit sous son aile. Mclaren s'occupa de leur carrière musicale, Westwood de leur garde-robe. Ainsi naquirent les sex pistols. Le mouvement punk était prêt à bousculer les codes en vigueur.




Malcolm McLaren devant la boutique qu'il tenait avec Vivienne Westwood


Vivienne Westwood



Bon allez! Le voyage dans le passé est terminé! On grimpe tous dans la DeLorean du professeur Doc (retour vers le futur, ma culture cinématographique est très kitsh...), direction ces bonnes vieilles années 2000!

On commence par le début de la décennie, en Angleterre. Deux talentueux garçons, Pete Doherty et Carl Barat, fondent le groupe de rock européen le plus influent depuis Oasis, j'ai nommé les libertines! La fin des 90's avait enterré les instruments de musique à coup de boîtes à rythmes et de eminem, et la mort de Kurt Cobain avait plus ou moins rendu le rock à grosses guitares has been. Alors arrivèrent les superhéros roast-beef. Déblayant leurs influences clairement ancrées dans le rock anglais des 60's à la Beatles et Rolling Stones, ils réussirent à redonner ses gallons d'or au rock et aux riffs de guitare, laissant la voie libre à d'autres groupes donnant dans le revival du rock&roll. Mais souvent, ces successeurs puisent leurs références dans le NY de la fin des 60's ( le Velvet Underground et David Bowie), comme en témoignent les strokes et les kills notamment. Mesdemoiselles, vous devez remercier ce groupe d'exception que sont les libs. En effet, ils lancèrent le retour du dandy, mais en version trash. Slims skinny, vestes en cuir, derbies déglinguées, t-shirts ayant rendu l'âme... En somme, un style négligé, mais qui donne beaucoup d'allure.








Restons dans la mode des garçons, mais en version hip hop. En 2008, un talentueux jeune homme nous venant de Brooklyn, dans la banlieue de NY, revisite la culture propre à son style de musique en y insufflant des influences d'électro. Il s'agit de Kid Cudi, qui a connu la gloire grâce à un tube plus tard remixé par les Crookers, Day n' Nite. Grâce à lui, le style baggy ultra bas et sweat-shirts achetés à decathlon est enterré! A la place, pour être "in", il faut des pantalons droits ou larges, avec des baskets montantes fluo, et des sweats à fermeture éclair assortis aux chaussures ( type American Apparel quoi!). Attention, Kid Cudi n'a pas lancé cette tendance du hip-hop chic! D'autres l'ont fait avant lui (Lexicon, Kanye West, Spank Rock ou feadz par exemple). Mais c'est lui qui l'a démocratisée et l'a rendue "mainstream" ou "grand public". Et heureusement, cette tendance a encore de beaux jours devant elle. Un exemple. Souvenez vous du troisième album des kills. Vous savez, celui qui abrite THE hit rock de 2008, U R fever, he bah... figurez vous que Alison Mosshart et Jamie Hince ont fait appel au rappeur Spank Rock pour collaborer au mixage après être tombés sous le charme de son album yoyoyoyoyo.




Et enfin, gardons le plus révolutionnaire pour la fin, en terminant cet article par le look de Lady Gaga. Bon, au départ, rien de nouveau. Crinière peroxydée, lunettes oversize et maquillage extravagant, rien de très innovant en regardant les clips de just dance et poker face. Et puis arrivent ceux de Paparazzi et de Bad romance. Et là, c'est tout autre chose! Dans le premier, Stefani Joanne Angelina Germanotta nous sert une espèce de remake de la chorégraphie de Thriller de Michael Jackson, le tout dans des vêtements exubérants, voire immettables, sans doute siglés McQueen. Le second, à l'univers assez torturé, relate une histoire dans laquelle Gaga est kidnapée par un groupe de mannequins, avant d'être droguée et revendue à la mafia russe. Assez tordu n'est-ce pas? Encore ici, les vêtements sont invraisemblables. Par exemple, dans une scène, la jeune femme défile dans les fameuses chaussures Armadillo de McQueen, oeuvres que beaucoup de mannequins ont refusé de porter, les jugeant trop dangereuses. Je n'irai pas plus loin dans la discographie de l'artiste, ces deux exemples représentant à la perfection l'univers vestimentaire de la demoiselle: unique, futuriste, voire expérimental, original, extravagant, voyant.


Telephone


Lady Gaga portant les escarpins Armadillo de McQueen durant le clip de Bad Romance


paparazzi

lundi 14 juin 2010

Les contes de fées

Cette année, Louboutin met en avant les contes qui ont bercé notre enfance, grâce à une collaboration plutôt réussie avec la photographe Khuong Nguyen.La campagne revisite entre autres Cendrillon et sa chaussure de verre, la Petite Sirène et ses merveilles marines.



D'ailleurs, comme vu dans un précédent article, le Danemark met aussi ce dernier mythe sur un piédestal pour son cube de l'Exposition Universelle.
Dans un registre plus animalier, Castelbajac, quant à lui, s'inspire de Bambi, qu'il décline en robes, tuniques, et autres escarpins. Ces derniers sont d'ailleurs à se damner!


La danse non plus, n'est pas en reste dans le domaine du mélange mode et contes de fées. En effet, pour sa mise en scène chorégraphiée de Blanche Neige, Angelin Preljocaj fait appel au grand Jean-Paul Gaultier pour habiller ses danseurs! Mention spéciale au costume de la reine démoniaque, ultra sexy moulée dans sa robe échancrée noire et rouge.
Enfin... assez parlé de chiffons! Rassurez-vous, je ne suis pas une énième pâle copie de Garance Doré et autres fashion blogueuses.Cet intermède achevé, je vous propose de parler de tous ces contes de fées, et du message que l'on veut leur attribuer. Barbie, Warner Bros et Disney tentent de nous faire avaler que la vie est facile, qu'à chaque fille correspond un prince charmant, j'en passe et des meilleures. Mais est-ce vraiment cela que voulaient exprimer les Frères Grimm ou Hans Christian Andersen? Prenons l'exemple de ce dernier, que j'affectionne particulièrement. Sa version de la petite sirène est d'une beauté Baudelairienne. Une jeune femme renonce à sa vie pour celui qu'elle aime, mais qu'elle sait inaccessible. Après avoir tout tenté pour le conquérir, elle réalise que cela est impossible, et se change en écume. Un message d'espoir? Pas vraiment non... rien à voir avec la fin de Disney (Ariel obtient la bénédiction de son père et se marie avec Eric, et ils vécurent heureux et blablabla). Quant à la petite fille aux allumettes, c'est l'histoire d'une jeune fille qui se laisse mourir de froid. Un conte à rameuter toute la troupe des enfoirés à la rescousse en somme!
Et la belle au bois dormant? et Cendrillon? de belles histoires sur l'amour véritable? hum... selon "La Psychanalyse des Contes" de Bruno Bettelheim, il ne s'agirait ni plus ni moins que de la symbolique de la perte de la virginité. Les ronces et le siècle symbolisent l'attente de la jeune adolescente avant de passer à l'acte. La pantoufle de verre, quant à elle, désignerait "un soulier qui ne s’étire pas, sinon il pourrait convenir à d’autres jeunes filles, les demi-sœurs, par exemple. Ce n’est sans doute pas par hasard que Perrault a choisi des pantoufles de verre… Un petit réceptacle où une partie du corps peut se glisser et être tenue serrée peut être considéré comme le symbole du vagin." Ces deux fables sont en réalité des cours d'éducation sexuelle!

Quittons la culture Générale pour la culture Glandage. Aujourd'hui, en regardant Greek, une série que j'aime beaucoup, je fus frappée par la réflexion de Rebecca, l'un des personnages, au sujet de la belle au bois dormant: "Ce n'est que l'histoire d'une fille violée dans son sommeil et tombant enceinte". Et si les morales avec lesquelles on nous bassinait pendant l'enfance n'étaient que des mensonges démagogiques? Des utopies censées nous apprendre l'espérance et nous protéger de la désillusion? Après tout, ne dit-on pas que l'espoir fait vivre? Ainsi, il appartient à chacun de choisir d'entonner "un jour, mon prince viendra, un jour il m'emmènera" avec Blanche-Neige, ou "Cendrillon pour ses trente ans, est la plus triste des mamans, le prince charmant a foutu le camp avec la belle au bois dormant" avec Telephone.